La coopérative d’en face,
une bouffée de vert au coeur de Neuchâtel 

Trans’histoire – mai 2023

Un beau jour il y a une douzaine d’années, une dizaine d’adultes qui pour la plupart ne se connaissaient pas se retrouvèrent dans un appartement neuchâtelois à partager leurs rêves d’habitat participatif. Certain·es espéraient pouvoir racheter leur immeuble qui était en vente, d’autres ne voulaient plus dépendre de propriétaires avares et peu préoccupé·es par l’environnement, d’autres, enfin, rêvaient d’un lieu permettant la solidarité et l’entraide.

Par Nathalie Ljuslin

Créer le monde que nous voulons est bien plus puissant que de détruire celui dont nous ne voulons plus.

Marianne Williamson

Un beau jour il y a une douzaine d’années, une dizaine d’adultes qui pour la plupart ne se connaissaient pas se retrouvèrent dans un appartement neuchâtelois à partager leurs rêves d’habitat participatif. Certain·es espéraient pouvoir racheter leur immeuble qui était en vente, d’autres ne voulaient plus dépendre de propriétaires avares et peu préoccupé·es par l’environnement, d’autres, enfin, rêvaient d’un lieu permettant la solidarité et l’entraide. Quelques mois, et de nombreuses séances plus tard, une charte réunissant les valeurs communes, des statuts et des règlements discutés dans les détails étaient prêts. La coopérative d’en face pouvait naître officiellement.

Mais ce processus avait surtout permis à un sentiment de groupe d’émerger. Cette appartenance à un collectif et à du sens a été vitale pour affronter les montagnes russes qui les attendaient. Une première victoire quand un terrain en droit de superficie a été trouvé auprès de la commune, après de nombreuses et vaines tentatives auprès de propriétaires privés. Une grande frayeur quand l’ensemble des projets architecturaux proposés pour le concours coûtaient le double des moyens financiers prévus. Des petits deuils au fur et à mesure des renoncements (la terrasse sur le toit, la chambre d’ami-es, la cuisinière à gaz,…) et des grandes satisfactions lors de soutiens financiers obtenus. Et bien sûr, l’émerveillement et les larmes de joie, lorsque le bâtiment a finalement été inauguré en 2019.

Cet immeuble accueille aujourd’hui (2023) une trentaine d’adultes et une quinzaine d’enfants. Des premiers adultes à avoir imaginé ce lieu, il n’en reste que quatre à y vivre. La vie a le temps de faire des détours : déménagements dans une autre ville, envies qui changent, autres priorités. Certain·es ont quitté le projet après l’emménagement : des couples se sont formés, d’autres séparés et pour certain·es la réalité ne correspondait pas au rêve. Mais beaucoup d’autres ont rejoint le navire avec de l’énergie nouvelle et avec des voisin·es qui pouvaient témoigner d’un projet cette fois bien réel.

Salle commune, studio partagé avec bibliothèque, projecteur et chambre d’ami·es, potager bio, panneaux solaires, armoires de mutualisation, deux voitures en auto-partage et un spacieux garage à vélos constituent leur cadre de vie actuel; tout comme les nombreuses séances en gouvernance partagée, la conciergerie et la gérance, assumées collectivement. Tout cela prend du temps, mais c’est un choix, que ces coopérateurs/trices ne regrettent pas. Les apéros ou repas partagés, la garde d’enfants improvisée à la dernière minute, ou la voisine qui nous apporte du thym du jardin quand on est malade, c’est tellement beau et précieux.

Photographe : Nathalie Ljuslin