La Tatouthèque

Trans’histoire – juillet 2023

La Tatouthèque, kesako ? La Tatouthèque, t’as tout, tu y trouves de tout ! C’est une bibliothèque d’objets à Yverdon où M. et Mme Tout le monde peut emprunter des objets dont l’usage est peu courant et passablement coûteux. L’idée est simple : mutualiser, éviter d’acheter du neuf, réparer autant que possible. Claire, qui y travaille depuis début 2022, nous donne quelques exemples : Paddle, enceintes musicales ou four à crêpes rencontrent beaucoup de succès pour les soirées. Mais grandes casseroles et rallonges font aussi le bonheur des associations sans lieu de stockage pour leurs manifestations ponctuelles. Chaises enfants ou transats s’avèrent utiles pour les visites avec bambins. Il y a même un maroufleur à linoléum si l’envie vous vient de refaire votre sol (il a fallu l’aide des réseaux sociaux pour comprendre à quoi pouvoir bien servir ce rouleau à manche !)!

Par Nathalie Ljuslin

Il ne sert à rien d’attendre que l’orage passe, apprenons à danser sous la pluie!

Mais la Tatouthèque, ce n’est pas que ça ! Il s’agit d’une mesure d’insertion socio-professionnelle s’adressant aux jeunes de 15 à 25 ans, avec cours de français et maths pour jeunes nés ici ou arrivés récemment d’ailleurs, dans des salles de classe attenantes aux bibliothèques remplies d’objets. Les jeunes peuvent découvrir ce qui leur plaît et des compétences peut-être insoupçonnées, grâce aux diverses activités qui leur sont proposées : relation à la clientèle, gestion de stocks, réparation d’objets. De nouveaux projets émergent et leur permettent d’ouvrir leurs horizons : organisation de vide-dressing, vernissage d’exposition d’artistes, enregistrement de podcasts.

L’écologie parle souvent peu à ces jeunes, qui viennent de milieux précarisés et rêvent de consommer et d’avoir leurs objets propres. Mais les modules écologies, sans moralisation, en touchent certain·es, et suscitent même de la révolte. Claire, optimiste de nature, qui accompagne ces jeunes au quotidien, souligne l’importance de persévérer et de montrer l’exemple en ne se décourageant pas. « Si trois jeunes sur 10 commencent à agir différemment, c’est déjà un grand pas ! »

Comment est née cette idée ? En 2020, la DIRIS (la direction de l’insertion et des solidarités du Canton de Vaud), a lancé un appel à projets pour le lancement de mesures d’insertion à vocation écologique. L’idée de la création d’une bibliothèque d’objets a émergé dans la tête et le cœur de l’équipe qui travaillait alors auprès de jeunes allophones en insertion professionnelle. À la suite de la présentation du projet, le projet du SemoNord a été retenu. Le financement étant assuré, le plus difficile a été de trouver des locaux adaptés. Puis est venu cet espace, à deux pas de la gare d’Yverdon, à côté du joli canal rue des Pêcheurs, qui semble avoir été dessiné spécialement pour ce projet. Le local, tout en longueur et recoins, a pu être inauguré encore en 2020.

Claire souligne l’importance de se sentir appartenir à un réseau plus large, et colle fièrement l’autocollant du Réseau Transition Suisse Romande sur la porte d’entrée. La visite de Rob Hopkins lors de sa tournée en Suisse en juin 2022, arrivé à vélo sous une pluie battante, reste un des souvenirs forts de cette aventure. Et elle se met à rêver « Et si un jour nous pouvions proposer à ces jeunes un large panel de métiers, bien payés et valorisés, avec des orientations écologiques ? ».